Beyond the Frame: image in action
Une exposition qui réunit 10 photographes internationaux, en partenariat avec l’AiR ARTS residency, présentée à Mémoire de l’Avenir du 17 octobre au 15 novembre 2020. Les 10 artistes ont été sélectionnés par un comité pour une résidence internationale à Paris accueillie par L'AiR ARTS. L’exposition est le fruit d’une collaboration entre les artistes, L'AiR Arts et l’équipe curatoriale de Mémoire de l'Avenir – Humanities, Arts and Society. Le projet est soutenu par la Ville de Paris
Au-delà de son espace de présentation et de représentation, l’exposition interroge l’image et son pouvoir d’action. En tant que langage, en tant que signifiant, l’image déplace le regard, bouscule la perception du réel, saisi et engage les consciences dans son appréhension des enjeux politiques, sociétaux, intimes. De fait elle vient également questionner la position de l’artiste qui, ne se limitant pas à son statut d’auteur, est un véritable acteur dans nos sociétés.
L’image est également agent de rencontres [1] et de dialogue. Sa lecture ne dépend pas uniquement de celui ou celle qui la produit, elle engage aussi l’interprétation de celui ou celle qui la regarde. Par ce dialogue à distance l’image ouvre une multitude de possibles sur le champ de l’expérience, de la pensée et de la réflexion.
En cherchant à résoudre les énigmes qui les entourent ou qui les habitent, les artistes présentés au sein de cette exposition nous proposent des procédés narratifs ou expérimentaux qui viennent témoigner, d’une part, des transformations environnementales, sociales ou encore des luttes contemporaines. Mettre en lumière, d’autre part, les liens qui rapprochent l’être humain et la nature ou encore questionner sur un plan technique ou sensible la perception des déplacements physiques ou psychiques.
Barbara Boissevain dans son projet Salt Pond a travaillé sur les étangs salés de Ravenswood (Californie). Elle a produit des images quasi conceptuelles aux bi ou trichromies saisissantes par lesquelles elle développe un discours significatif sur la gestion de l'environnement et l’écosystème de cette région.
A travers sa série Self Portrait Cara Coombe questionne l’image du corps et du monstre que produisent nos sociétés et enquête sur les états d’anxiété qui en découlent.
Dans Tokyo Train, Yong Hee Kim a travaillé autour de l’enregistrement de phénomènes naturels, et notamment sur les interactions entre la lumière et la vitesse, dans un voyage à bord d’un train de la banlieue de Tokyo. Candice Inc nous propose avec In betweens une plongée dans des images d’archives de son enfance, présentées en distorsion ou projetées, à travers lesquelles elle cherche à articuler son expérience des extrémités émotionnelles de la bipolarité.
Chris Lashbrook en convoquant l’esprit d’évocation d’El Duende, engage une conversation entre couleurs et formes naturelles, manufacturées, et produites par la lumière.
Una Laurencic a travaillé autour de châteaux abandonnés en Estonie. Les images, créées de manière analogue et imprimées sur microfibre, interrogent le destin incertain des lieux de pouvoirs.
Chris Lee présente une partie de son projet Faux Paris dans lequel il juxtapose des scènes urbaines et naturelles qui commencent à façonner l'ensemble de Paris. La série est issue d’un questionnement autour du vide et du plein, et du lien mouvant entre environnement, urbanisme et habitants.
En convoquant la musique et la danse dans son projet Counterpoint, Valérie Smith fait dialoguer des paysages et formes naturelles avec des chorégraphies de danse et questionne l’influence de notre regard autant que celle de la nature sur les créations humaines.
Peggy Stevenson documente sa ville de Chicago depuis 2008 à travers une pratique couleur et noir et blanc de la photographie, dans lesquelles elle cherche à capturer l’énergie de cette ville autant que sa diversité et ses luttes.
Dans Below The Waves Sofyan Syamsul réfléchit à la durabilité et aux menaces qui pèsent sur l'environnement, en explorant les profondeurs des océans troublées par les déchets humains.
En tant qu’instrument de recherche ou de documentation la photographie informe, mais, n’étant pas contrainte par les limites physiques du "réel", comme tout autre medium, elle permet aux artistes, autant qu’aux spectateurs, de se déplacer dans des zones poétiques et singulières de soi.
Passées par le filtre de la vision subjective de leurs auteurs, les images peuvent signifier au-delà de leur représentation. Cette possibilité de transcender ce qui est représenté pour amener le regardeur sur le champ du sensible et du signe fait de l’image un outil puissant de sensibilisation et d’engagement.
Marie-Cécile Berdaguer - Margalit Berriet
commissaires de l'exposition
En collaboration avec Mila Ovchinnikova
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