MONUMENT TO VIOLENCE
Peter Brandt
12.10 - 09.11.2019
Pourquoi n’existe-t-il pas de monuments commémoratifs aux victimes de violences comme il existe des monuments aux morts ? C’est la question que pose l’artiste danois Peter Brandt dont l’exposition personnelle, présentée à mémoire de l’Avenir du 12 octobre au 9 novembre, propose de poser la première pierre.
La violence : acte de force physique, psychologique, verbale ou passive de nature qui cause ou est destiné à causer du tort.
L’œuvre de Peter Brandt, tirée de ses expériences personnelles de la violence, cherche à traduire de manière plastique son universalité. En explorant d’abord ses origines, rappelant que la violence se manifeste tant dans la sphère intime que publique, qu’elle peut être infligée par la famille, par des inconnus, par la société, qu’elle peut être autant physique que psychologique et qu’elle touche aveuglément à tout âge de la vie, tous les genres, tous les environnements socio- économiques ou culturels.
En explorant ensuite ses conséquences sur les victimes, survivantes, qui partagent toutes des symptômes post traumatiques irréversibles touchant au plus profond de leur personnalité et qui s’expriment par des sentiments tels que la honte, l’aliénation, la perte de confiance en soi, en l’autre…
Dans certaines œuvres, comme UNSPEAKABLE, 100 Years of Violation ou encore Black sun, l’artiste intègre à son langage des techniques de guérison issues des cultures orientales ou occidentales. Si les techniques diffèrent ou peuvent se compléter, l’expérience de la violence et ses conséquences sont bien universelles.
Le travail de Peter Brandt s’axe de manière récurrente sur la remise en cause de l’« ordre masculin » comme facteur de violence, qui, en empêchant l’expression des singularités de chacun, engendre rejet et discriminations.
Pour cette exposition Monument to Violence, Peter Brandt a produit des œuvres empreintes d’une forme de douceur qui contrastent avec les messages puissants qu’elles véhiculent. A l’instar de cette vidéo I did not invite you into my body qui présente une succession de textes monotypes, comme s’ils avaient été écrits par un enfant victime, assemblés à un enregistrement sonore de souffles. L’ensemble constitue un paysage mental qui met l’accent sur les sentiments d’aliénation et de dissociation.
Si de fait la violence se fait connaitre par les images, les récits, les expériences personnelles ou vécues par les proches, Peter Brandt nous place à la juste distance pour faire appel, de la même manière que les monuments commémoratifs sur la place publique, à notre devoir de mémoire, à notre devoir d’agir collectivement et individuellement pour changer en profondeur les mécanismes qui produisent cette violence, et créer les conditions nécessaires pour reconnaitre et protéger les victimes.
Curatrices: Margalit Berriet - Marie-Cécile Berdaguer
Peter Brandt (DK 1966) a étudié à la Royal Danish Academy of Fine Arts de Copenhague et au Royal Institute of Arts de Stockholm. Ses œuvres sont influencées par le body art féministe des années 1970, les théories du trauma, les études sur la masculinité et l’histoire de l’art. Le corps est le medium de prédilection de Peter Brandt, que ce soit à travers la performance, la photographie, la vidéo ou dans son travail plastique. En janvier 2018 Peter Brandt présentait dans une exposition personnelle «The Image as The Witness» à Mémoire de l’Avenir et en 2016, le Västerås Art Museum en Suède a organisé «Post Trauma Documents», une exposition rétrospective de son travail des années 2000 à 2016. Peter Brandt été invité en résidence à la Fondation Delfina de Londres, à la Cité Internationale des Arts à Paris, au Circolo Scandinavo de Rome et a reçu plusieurs bourses de la Danish Arts Foundation ou encore de la Queen Ingrid Roman Foundation parmi d’autres.
L’exposition Monument to Violence est soutenue par la Danish Arts Foundation et la L.F. Foghts Grant.