L’exposition From Nature to Myth présente une série de 12 œuvres, entre sculpture et ready-made, de pierres taillées enchevêtrées à des livres, à travers lesquelles Avi Sperber propose une réflexion sur ce qui constitue nos cultures aujourd’hui ainsi que sur le rôle de la nature dans leur fondement, à la lecture de l’histoire racontée dans le chapitre 3 de la Genèse.
Né en 1943, diplômé du Technion - Haïfa en génie civil, MSc. de l’Université Northwestern en ingénierie des transports - Evanston Illinois U.S.A. et de l’institut AVNI d’art et de design - Tel Aviv, Avi Sperber, depuis plus de 30 ans, développe une œuvre sculpturale oscillant entre monumentalité et formats réduits, qu’il met régulièrement en dialogue. Son travail se déploie autour d’une symbolique puissante qui se nourrit des contextes culturels que l’artiste investit.
C’est par l’observation de la nature, par la crainte qu’elle provoque, par les mystères infinis qu’elle renferme, que les mythes, récits ancestraux ou religions ont émergé dans toutes les cultures.
Le chapitre 3 de la Genèse, récit des origines pour les religions monothéistes, relate la tentation de la connaissance par Eve et Adam et leur éviction du Paradis. Pour Avi Sperber, « il décrit la naissance de l’être humain animé d’un inlassable désir de savoir. Le récit est une fusion allégorique de personnages et de processus qui représentent diverses composantes de la vie humaine, qui ont été interprétés au fil des générations par de nombreuses personnes de différentes manières et ont conduit aux croyances qui affectent nos vies jusqu’à aujourd’hui. »
De ce chapitre l’artiste convoque dans ses œuvres différents thèmes, tels que celui de la domination, de la souffrance, de l’identité, ou encore celui de la naissance du langage, celui du travail, ou de la finitude.
Autant que les œuvres finales, les matériaux employés sont porteurs de symboles. L’utilisation de pierres dans ces pièces sculptées vient en métaphore des premières tentatives des êtres humains pour inscrire leur pensée, matérialisation de la communication, du langage et de l’écriture. Les pierres sont également associées à la sphère céleste ou évoquent encore l’idée d’éternité. Elles symbolisent souvent le passage de cette vie à la suivante. Elles sont aussi pour l’artiste un langage dans le langage. Par leurs biais il tente de traduire des concepts issus de son interprétation du récit au regard de notre histoire contemporaine et future.
Le livre, symbole civilisationnel, est confronté aujourd’hui à sa dématérialisation. Avi Sperber a utilisé dans ce travail des volumes de l’Encyclopédie hébraïque, une encyclopédie complète en langue hébraïque, qui a été publiée lors de la création de l’État d’Israël en 1948. « Aujourd’hui, avec le développement de la technologie et l’énorme quantité d’informations disponibles sur Internet, elle n’a pratiquement plus d’utilité, et ses volumes sont envoyés au recyclage, elle représente donc l’objet éphémère - l’homme. » AS
En associant les pierres aux livres, Avi Sperber nous invite à relier le présent au passé, et cherche à produire une image de la continuité des événements dans l’histoire de la civilisation humaine.
Margalit Berriet - Marie-Cécile Berdaguer - Commissaires de l’exposition
En collaboration avec Doron Polak commissaire de l’exposition - Avi Sperber : From Eternal Life to Life and Death - septembre 2021 à l’Artist Museum, Givatayim - Israël