La violence est souvent invisible et même invisibilisée.
Pourtant, en France, chaque année, 220.000 femmes sont victimes de violences physiques et / ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. En 2018, 149 personnes, soit 121 femmes et 28 hommes, ont été assassinées. 21 enfants sont également les victimes collatérales. Mais au-delà des chiffres et des statistiques, qui nous aident toutefois à prendre conscience de l’ampleur des violences faites aux femmes, vraisemblablement systémique, comment comprendre ce phénomène ?
Jusqu’à très récemment, les politiques ne s’en souciaient que peu, tandis que les médias participaient activement à ce déni, cantonnant ces événements à la rubrique des faits divers, et minimisant le phénomène, ou le reléguant à la sphère intime, en utilisant les termes « crime passionnel », « drame amoureux », ou « drame familial ». Quand il n’a pas été tout simplement ignoré, dans l’indifférence générale.
Les choses évoluent. Le terme "féminicide", qui est d’abord apparu il y a plusieurs années dans le vocabulaire féministe, est aujourd’hui courant dans les médias, traduisant une certaine prise de conscience. L’Etat, qui devrait être un acteur majeur, a répondu avec un (frileux ?) Grenelle des violences conjugales.
Aussi, comment rendre visibles ces victimes – vivantes ou mortes ? Leur rendre leur nom, leur histoire, leur vie, au-delà du drame et du traumatisme. Comment, aussi et surtout, accompagner les victimes survivantes dans un cheminement de guérison, afin qu’elles puissent aussi, un jour, dépasser ce statut et s’en libérer.
Enfin, nous nous intéresserons aux auteurs de violence, car s’intéresser aux victimes seules ne permet pas de comprendre le problème dans sa globalité. Pour comprendre l’origine de ces souffrances et de ces drames, il faut bien définir les causes profondes et identifier les responsables.
Pourquoi et comment en arrivent-ils à se rendre coupables de violences ? Comment les accompagner et comment déraciner cette violence ? Qu'est ce que la "masculinité toxique"? Et que révèle, plus profondément, cette dernière, de notre société ?
Le caractère sexiste / genré de ces violences, doit-il, légalement, être reconnu comme le racisme ou l’antisémitisme ?
Enfin, une masculinité de non-domination, d'égalité et de respect est-elle possible?
Aurore Nerrinck