Artiste franco-tunisienne, formée à l’école des Beaux-Arts de Marseille, Nadou Fredj oriente principalement ses créations vers le thème de l’enfance. Issue d’une famille de restaurateurs elle puise son inspiration dans une iconographie fortement liée aux métiers de bouche. Son travail plastique questionne l’identité personnelle au-delà des barrières culturelles et sociales.
Tout d’abord il y a cette créature mi loup mi fillette (qui par un effet de jeu de lumière et d’ombre chinoise portée sur le mur d’exposition) qui domine un village miniature posé au sol, ce qui a pour effet de mettre en évidence la grande vulnérabilité et fragilité de la ville miniature face à cette menace éventuelle.
Il y a également cette idée de solitude et «d’isolement» qui est renforcée par la présence d’une table de restaurant mise avec un seul couvert et une assiette tête de loup posée dessus (encore une réflexion sur notre façon de nous nourrir).
Il semblerait donc que cette table serve de lieu d’approvisionnement alimentaire mais elle est surtout devenu le point d’appui et de recherche d’un individu, (cahiers et croquis posées sur la table…) Un individu qui aurait donc décidé de se replier sur lui-même ; Une mise en recule qui semble ici nécessaire pour mieux comprendre et appréhender une situation inédite.
Face à cette table, quelques mètres devant, un rideau rouge, similaire aux rideaux de théâtre, encore fermé. La lumière du projecteur est dirigée vers les deux pâtes avant d’un loup sortant tout juste de dessous les rideaux ; la bête semble en posture calme, dans l’attente ; comme une avant-première qui tarderait à se révéler de la même manière à la bête et à nous.
Ce rideau de théâtre est un peu comme une scène encore fermée qui nous dévoilerait peut être plus tard, un monde nouveau ou ancien qui se renouvellerait enfin ou pas … Cette « bête » menaçante (et que l’on entend grâce aux pistes sons de l’installation qui sont des bruits de mastications) se décidera-t-elle à nous dévorer ou nous épargnera-t-elle ? Et si cette créature étrange n’était en fin de compte qu’une face cachée de nous-même, non assumée ? Allons-nous alors accepter notre nature profonde et prendre part à ce qui se déroulera par la suite et se décider à jouer, voir « occuper » notre véritable rôle ?
« C’est pour mieux te manger… » chap 3, est une installation scénographique qui mêle réalisme et féerie à travers les détournements d’objets du quotidien, trouvant son essence dans une iconographie fortement liée à l’art de la table, aux contes populaires et au monde du spectacle. L’installation qui a été présentée en octobre 2019 à l’espace Commines dans le cadre de Parisartistes, questionne notre rapport à la nourriture aussi bien physique qu’affective, mais elle résonne aujourd’hui de façon troublante à notre actualité :
"C'est pour mieux te manger"
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