Pour transmettre la vulnérabilité des histoires et des secrets intimes, que j’ai collecté auprès de mes amis ou d’inconnus ces dernières années, j’ai passé environ trois ans à collectionner des sous-vêtements anciens et vintage. Il s’agissait de tout, des culottes bouffantes de l’époque victorienne aux pantoufles en lambeaux des années 1920, en passant par les gaines des années 1950 et autres sous-vêtements de ce type, provenant aussi bien de boutiques spécialisées qui ont parfois fourni l’histoire du vêtement (une camisole datant de 1890, par exemple) que de friperies régionales et nationales situées aussi près de chez moi que 10 rues plus loin, d’articles obtenus dans des magasins de Seattle, de Chicago et de certaines régions de Floride, ainsi que de quelques objets spéciaux obtenus dans des boutiques londoniennes et parisiennes.
Une fois en ma possession, j’ai manipulé ces effets les plus personnels en utilisant des colorants réactifs aux fibres, en les découpant et en les cousant à nouveau, en les sérigraphiant, en ajoutant des embellissements métalliques et textiles, en les imprimant à la cire et en utilisant diverses autres techniques pour rendre les pièces individuelles à la fois reconnaissables et complètement transformées.
Dans les plis et les jupes de ces pièces, j’ai cousu à la main des mouchoirs en tissu sur lesquels les secrets recueillis ont été brodés. J’invite et j’encourage les spectateurs à être suffisamment enhardis pour explorer physiquement les pièces et découvrir par eux-mêmes les secrets cachés à l’intérieur des vêtements. De telles explorations directes jouent sur l’idée de «linge sale» : les «taches» que nous essayons de cacher aux autres, de peur qu’elles ne découvrent quelque chose à notre sujet que nous préférons rester cachés.
Suki Valentine - oct 2020
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